Le scandale des logements non-habités
Un pays est en situation de « crise du logement » lorsqu’il apparait de façon brusque et intense, mais pendant une période limitée un déséquilibre entre la l'offre et la demande de logement. Cependant la durée prise en compte est souvent longue (la construction est une opération longue, de l'ordre de l'année ou plus, et pendant ce temps la demande peut augmenter plus vite que l'offre) et certains étendent très largement la notion de "crise" pour l'appliquer à toute situation qui leur apparait imparfaite et ainsi justifier une action importante.
Les raisons peuvent en être de plusieurs natures : facteurs exogènes (catastrophe naturelle ou guerre), démographiques (déplacement massif de population, tel qu'un fort exode rural par exemple), économiques (choc sur le marché immobilier, directement ou indirectement - sur les entreprises de construction par exemple -, spéculation immobilière). Des évolutions relativement lentes, telles que l'accroissement naturel ou la réduction de la taille des ménages, peuvent aussi être invoqué, bien que cela nettement plus contestable.
En France, près de 10 millions de personnes subissent la crise du logement, 22 000 seraient mal logées.
Véritable scandale quand on sait que des centaines de milliers de logements sont inoccupés.
685 000 personnes sont dépourvues de logement personnel (dont 133 000 sans domicile fixe)
3,6 millions sont «non ou mal logées» et plus de 5 millions sont donc dans une situation de fragilité.
Les logements inconfortables ou surpeuplés ne sont pas l'apanage de grandes villes chères comme Paris, mais aussi des grandes villes à prix bas avec 4 foyers sur 10 concernés.
Enfin, l'explosion du nombre de familles monoparentales (1,7 millions de foyers dans ce cas) est mal gérée par les politiques publiques.
L'exemple de Perrine, 30 ans, qui vit dans un logement social avec ses trois enfants en garde alternée : dans le calcul des aides au logement, ses enfants sont pris en compte pour son ex-conjoint et elle ne reçoit que 72€. Impossible pour elle de garder son 4 pièces à 770€ pour un salaire de 1138€.
Premier poste de dépenses des ménages, devant l'alimentation et le transport, le logement n'a cessé de voir son poids croître au cours des vingt dernières années. Si un ménage sur deux consacre plus de 18,5 % de ses revenus à son habitation principale, ce " taux d'effort médian " monte à 26,9 % pour les locataires du parc privé, indiquait une étude du ministère du logement publiée en mars 2012. Dans les grandes villes, étudiants, jeunes salariés, mais aussi familles issues des classes moyennes doivent arbitrer entre surface, éloignement et prix.
Face à une situation unanimement dénoncée comme folle, le gouvernement se devait d'agir. Précisée en conseil des ministres le 18 juillet, la feuille de route de la ministre du logement, Cécile Duflot, est claire, à défaut d'être facile à tenir. Elle repose sur deux principaux objectifs : ralentir la hausse des loyers et réussir à construire 500 000 logements par an sur la durée de la mandature, dont 150 000 sociaux. " C'est très ambitieux mais nécessaire, dans une situation où le secteur de la construction, très fragilisé, a besoin d'un signal fort ", a reconnu Mme Duflot.
L'INSEE publie des chiffres alarmants sur l'évolution du nombre de logements inoccupés sur le territoire de métropole.