S'il vous plaît ...
"Je demande votre attention, s'il vous plaît. Excusez-moi si je vous dérange mais je suis une maman de deux jeunes enfants et je n'ai pas de quoi les nourrir. Je vous demande une pièce pour m'aider. Merci." Tout en parlant, elle se tient droite, son regarg balayant les usagers de la rame de métro dans laquelle je viens d'entrer. Elle parle d'une voix claire, en impeccable français. La jeune femme fait ensuite le tour des personnes présentes en tendant la main Elle doit avoir la trentaine, porte un fichu kaki sur la tête, est vêtue d'un jogging vert foncé, élimé mais propre, semble française (teint clair, sans trace de couperose), est chaussée de tennis sans couleur définie.
La plupart de mes voisins baissent, tournent ou lèvent la tête pour regarder ailleurs.
C'est la première fois que je vois quelqu'un faire la manche en plus de 12 ans de métro.
J'ai une pièce de 2 euros dans la poche de mon jean et la lui donne.
En sortant du métro, je me sens triste et l'image de cette femme occupe mon esprit.
Tant de questions me viennent en tête :
"Que ferai-je si je me trouvais dans sa situation ?"
"Aurai-je le courage de faire la manche comme elle ?"
"Que va devenir cette femme ? Et ses enfants ?"
L'idée m'effleure que cet argent ira peut-être dans de la boisson ...
Tant pis, c'est fait !
Pour terminer, j'avoue l'avoir admirée. Car elle pourrait aussi bien se prostituer ... Non, elle a choisi de faire appel à la générosité de ses semblables.
Combien sont-ils à être des "laissés pour compte" ? À rester en marge de notre société ? Oubliés sur le quai d'un métro ou d'une gare ?
Combien sommes-nous à oser les regarder, à leur glisser une pièce, à leur offrir un sourire ?