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14 décembre 2013

Nelson Mandela et la promotion des femmes en Afrique du Sud

mandela-murNelson Rolihlahla Mandela, dont le nom du clan tribal est « Madiba », né le 18 juillet 1918 à Mvezo et mort le 5 décembre 2013 à Johannesburg.

Homme d'État Sud Américain, il a été l'un des dirigeants historiques de la lutte contre le système politique de ségrégation raciale (apartheid) avant de devenir président de la République d'Afrique du Sud de 1994 à 1999, à la suite des premières élections nationales non raciales del'histoire du pays.

Nelson Mandela entre au Congrès national africain (ANC) en 1944mandela, afin de lutter contre la domination politique de la minorité blanche et la ségrégation racialemenée par celle-ci. Devenu avocat, il participe à la lutte non violente contre les lois de l'apartheid, mises en place par le gouvernement du Parti national à partir de 1948. L'ANC est interdit en 1960, et la lutte pacifique ne donnant pas de résultats tangibles, Mandela fonde et dirige la branche militaire de l'ANC, Umkhonto we Sizwe, en 1961, qui mène une campagne de sabotage contre des installations publiques et militaires. Le 12 juillet 1963, il est arrêté par la police sud-africaine sur indication de la CIA, puis est condamné à la prison et aux travaux forcés à perpétuité lors du procès de Rivonia. Dès lors, il devient un symbole de la lutte pour l'égalité raciale et bénéficie d'un soutien international croissant.

mandela 1993peace-prizeAprès vingt-sept années d'emprisonnement dans des conditions souvent très dures, Mandela est relâché le 11 février 1990 et soutient la réconciliation et la négociation avec le gouvernement du président Frederik de Klerk. En 1993, il

mandela n°46664 en prisonreçoit avec ce dernier le prix Nobel de la Paix our avoir conjointement et pacifiquement mis fin au régime d'apartheid et jeté les bases d'une nouvelle Afrique du Sud démocratique.

mandela-graca-machel 2005Après une transition difficile où de Klerk et lui évitent une guerre civile entre les partisans de l'apartheid, ceux de l'ANC et ceux de l'Inkhata à dominante zoulou, Nelson Mandela devient le premier président noir d'Afrique du Sud en 1994. Il mène une politique de réconciliation nationale entre Noirs et Blancs ; il lutte contre les inégalités

mandela-kofi-annan 2007économiques, mais néglige le combat contre le sida, en pleine expansion en Afrique du Sud. Après un unique mandat, il se retire de la vie politique active, mais continue à soutenir publiquement le Congrès national africain tout en condamnant ses dérives.

mandela-desmond-tutu 1998

Impliqué par la suite dans plusieurs associations de lutte contre la pauvreté ou le sida, élevé au rang de patrimoine commun de l'humanité, il demeure une personnalité mondialement écoutée au sujet des droits de l'homme et est salué comme le père d'une Afrique du Sud multiraciale et pleinement démocratique, qualifiée de «nation arc-en-ciel», même si le pays reste confronté à de graves problèmes d'inégalités économiques, de tensions sociales et de replis communautaires.

mandela 1990

Le soutien de Mandela pour la promotion féminine

femme zoulou

La fin de l’apartheid et l’avènement de la démocratie constitutionnelle en 1994 ont ouvert la voie à la diffusion d’une « culture des droits de l’homme » en Afrique du Sud, fondée sur la promotion et le respect d’un ensemble de libertés et de droits fondamentaux pour chaque citoyen, pour chaque individu- sans aucune distinction de race, de classe et de sexe.

Les individus qui, au moins du point de vue formel, semblent avoir le plus bénéficié de cette transformation sont les femmes africaines.

Leur mobilisation contre le régime blanc, d’abord aux côtés des hommes dans la lutte anticolonialiste, puis en tant que femmes pour la promotion de l’égalité des sexes, est désormais bien connu.

Dans les années 90, l’engagement du pays envers la population féminine s’est traduit d’abord par la promulgation d’une Constitution parmi les plus women

femme SA5

friendly jamais élaborée au niveau international et contenant une série d’articles destinés à garantir l’égalité des sexes dans le domaine politique, juridique et social.

Toutefois, malgré cette nouveauté, une réelle affirmation des droits des femmes, qui va au-delà des déclarations de la Constitution pour obtenir une égalité substantielle, semble encore loin en Afrique du Sud.

Cette situation est d’abord due au taux élevé de violences de genre, surtout de type sexuel, une plaie sociale impossible à vaincre jusqu’à maintenant, mais aussi aux conditions socio-économiques difficiles des femmes en milieu rural. Elles sont touchées par des taux élevés de pauvreté, de malnutrition et d’analphabétisme.

femme SA 2Cette situation est enfin liée à des règles qu’on nomme « coutumières », piliers juridiques d’appareils traditionnels dirigés par des acteurs nommés traditional leaders, qui résistent aux changements sociaux. Ces acteurs, enracinés surtout en milieu rural où la justice de l’État peine à arriver, promeuvent habituellement un droit de type traditionnel ou religieux, fondé sur une vision fortement conservatrice de l’identité de la femme et de sa position dans la société, en se référant à des valeurs communautaires où les droits des membres des communautés sont liés à des devoirs très codifiés, et où la jouissance de ces droits dépend de l’accomplissement de ces devoirs communautaires.

Ces dernières années, l’existence de règlements juridiques différents et concurrents a causé des

femme SA 6conflits violents et des discussions juridiques qui ont beaucoup ralenti le processus d’émancipation féminine.

Un des cas les plus emblématiques est le droit d’aînesse masculin, qui exclut les femmes de la possibilité d’hériter, et donc du contrôle des biens de la famille, généralement le sol, la maison et le bétail.

Le régime de succession est l’un des domaines du droit traditionnel qui donne aux femmes le statut légal de mineurs assujettis à la tutelle masculine, a produit ses effets les plus néfastes, en empêchant pour longtemps les populations féminines africaines d’obtenir l’indépendance économique et en limitant leur possibilité de négocier leur rôle au sein de la famille.

En tenant compte des changements sociaux et familiaux récents, et en affirmant la nécessaire adaptation du Droit aux changements des communautés humaines qu’elle représente, la Cour a considéré la règle de primogéniture désormais désuète et incapable de refléter les nouvelles conditions sociales de l’Afrique du Sud postapartheid.

C’est particulièrement le cas des communautés urbaines, dans lesquelles les familles nucléaires ont massivement remplacé les familles élargies traditionnelles dont les membres ne vivent plus ensemble, et ont souvent abandonné le noyau familial pour prendre d’autres routes.

femme cultiventDans ce nouveau contexte, les changements de rôles des sexes sont particulièrement évidents à cause des nouvelles activités économiques assumées par les femmes et à cause des nouveaux modèles de propriété et familiaux dans lesquels elles sont intégrées.

Par conséquent, a souligné la Cour, la fonction originelle de la règle de primogéniture, qui est la préservation du patrimoine familiale et à laquelle le devoir de l’héritier de pourvoir aux besoins des membres de la famille servait de contrepoids, s’est transformé en grave préjudice pour la population féminine. En effet, elle a maintenu l’aspect patriarcal de l’exclusion des femmes sans toutefois leur offrir les avantages qui dérivaient des valeurs de solidarité et de responsabilité qu’impliquait originairement cette même règle. En considérant, enfin, la philosophie raciale et ségrégationniste qui avait poussé à la promulgation du Black Administration Act dans son ensemble, la Cour a conclu sans hésitation que la règle de primogéniture était inconstitutionnelle, parce qu’elle violait manifestement les principes d’égalité, de non discrimination et de respect de la dignité humaine.

D’un point de vue formel, cette victoire fut important pour les femmes.

femmes votentEn rendant une sentence révolutionnaire dans le paysage légal sud-africain, la Cour constitutionnelle a réussi à modifier le droit coutumier de la succession légale pour l’harmoniser aux standards internationaux des droits des femmes : modification de la structure même du droit afin de rendre la société plus équitable pour les femmes, cette société que le droit est chargé de réguler.

- la loi peut être un instrument utile dans les villes et dans les centres, où généralement les femmes sont plus éduquées et plus conscientes des progrès législatifs et donc des droits dont elles jouissent. Mais pour les femmes en milieu rural, généralement illettrées, l’accès à l’information juridique est très difficile, ce qui les rend presque toujours ignorantes de leurs droits et des instruments juridiques à travers lesquels les faire valoir.
- les magistrats locaux continuent d’appliquer les règles coutumières dans les successions et l’héritier masculin continue de refuser l’accès des veuves aux biens de son mari décédé et n’est guère disposé à leur donner une partie du patrimoine.

On peut conclure qu’aujourd’hui, les mécanismes juridiques mis en œuvre en Afrique du Sud, s’ils sont nécessaires, constituent seulement un point de départ indispensable dans un État qui se proclame démocratique !

femme SA7Ils n’ont pas été suffisants pour promouvoir une réelle émancipation des femmes africaines, car ils n’ont pas réussi à éliminer ces inégalités structurelles - sociales, économiques et culturelles – qui sont à la base de leur discrimination.

A ce point, il reste le problème le plus vaste sur ce qu’est la citoyenneté en Afrique du Sud et ce qu’il faut faire pour la mettre en œuvre. Malgré la complexité de la question, une leçon au moins apparait clairement : la « citoyenneté » ne peut pas être entendue comme une simple série de droits garantis par la Constitution, mais elle doit donner la possibilité d’accéder aux ressources même aux sujets les plus désavantagés et marginaux de la société, comme aux paysannes communautaires.

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